Accueillir sa peur de l’échec

Accueillir sa peur de l'échec

Comme dans un film

Quand nous avons peur d’échouer dans un projet, nous pouvons devenir un des meilleurs réalisateurs de film d’horreur. Nous imaginons le pire scénario. Puis, nous convoquons les meilleurs acteurs et les meilleurs figurants. Dans le film, nous sommes sûrs de tomber dans tous les pièges évidents. Tout est mal éclairé et notre peur incarnée par un monstre géant viendra nous attraper, nous faire chuter en bout de courses. Sommes-nous sûr de cela ? Ne sommes-nous pas en train de dramatiser les choses en nous faisant un film ? Pouvons-nous nous projeter autrement ?

La peur de l’échec est commune à tous les humains, les situations suivantes l’illustrent bien :

  • Au travail, lorsque vous appuyez sur un bouton d’une application informatique et que vous avez peur de provoquer un désastre.
  • Dans un sport de vitesse comme le ski, vous pouvez avoir peur de tomber et de vous faire mal. Alors, vous pourriez imaginer la chute avant même d’avoir appris à tomber en protégeant vos articulations. Cela peut vous « paralyser » dans divers domaines de vie. 

La peur de l’échec c’est lorsque lorsque vous avez un objectif qui vous semble inatteignable, et que vous visualisez le scénario catastrophe avant même d’avoir entrepris quoi que ce soit.

Si dans certaine situations professionnelles, vous vous dites :

“Je ne vais pas y arriver !”

“Cela va être une catastrophe !”

“Je vais encore être en retard !”

Sachez qu’il est possible de travailler dessus.

Avant d’aller trop vite et de foncer vers un mauvais film, posons les choses.

Qu’est-ce que l’échec ?

Le dictionnaire Larousse indique : “résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, manque de réussite ; défaite, insuccès, revers : subir un échec.” C’est aussi le contraire de la réussite.

Si je lis cette définition, l’échec est davantage lié à un ensemble d’actions qui n’ont pas été concrétisées et qui n’ont pas permis d’atteindre son objectif. D’ailleurs, qui définit l’échec ou la réussite d’un individu ? La société ? La famille ? L’individu lui-même ? Cela peut être intéressant de se poser la question par ailleurs.

Qu’est-ce que la peur ?

Il existe :

  • des émotions dites négatives, qui peuvent nous faire souffrir comme la peur, la tristesse, la colère
  • et des émotions positives qui expriment le plaisir, la joie, l’excitation

La peur est une émotion négative qui est reliée à un danger réel ou supposé.

La peur se manifeste généralement au niveau de notre corps et de nos pensées (cf. livre « Tristesse, peur, colère » de Stéphanie Hahusseau).

Lorsque nous avons peur, nous avons notre rythme cardiaque qui s’accélère, notre respiration qui devient irrégulière. Nous pouvons nous sentir comme “bloqués” à l’idée que quelque chose arrive. Ainsi, nos pensées sont davantage dirigées vers le danger que vers l’action réfléchie.

Prenons l’exemple de la création d’entreprise. L’une des plus grandes peurs des entrepreneurs – que j’ai accompagnés et je m’inclus dedans – ce n’est pas tellement lié à la qualité des prestations proposées, c’est plus une peur de ne pas réussir à concrétiser sa promesse : celle de vivre de son activité. D’ailleurs, cette peur d’échouer devient presque aussi forte que celle de réussir.

L’exemple de la reconversion

Vous venez de vous reconvertir. Dans votre imaginaire, vous avez eu le cran de quitter votre ancien travail comme dans la pub pour le loto, “Aurevoir Président” ? Alors, si vous ne réussissez pas, vous pouvez vous dire que vous allez être obligé de reprendre le travail que vous avez quitté. Vous pouvez craindre de ressentir la honte en n’ayant pas réussi.

Parmi les peurs que vous pouvez ressentir, il y a la réaction de vos proches auprès de qui vous vous êtes engagé. Vous ne voulez pas être déçu de cette promesse que vous vous êtes faite à vous-mêmes de réussir à vivre de votre nouvelle activité. Avoir peur d’échouer, c’est aussi avoir peur de ce moment qui surviendra juste après l’aveu de cet échec. 

Vous pouvez réagir de différentes manières lorsque vous avez peur d’échouer dans un projet qui vous tient à cœur :

  • vous auto-sabotez les situations que vous appréhendez : en arrivant en retard aux rendez-vous importants par exemple,
  • vous peaufinez votre projet en visant l’excellence encore et encore sans jamais vous lancer,
  • vous préférez ne rien faire plutôt que d’échouer, vous vous sentez bloqué,
  • vous sautez toutes les étapes en n’écoutant aucun signal, aucune indication, vous foncez tête baissée

Comment accueillir cette peur ? 

La première des choses est d’identifier votre niveau de peur. Que ressentez-vous à l’idée de changer d’activité professionnelle? Quel niveau de peur ressentez-vous à l’idée de commencer ce nouvel emploi ?

Ensuite, c’est important d’imaginer les conséquences de vos actions et de les qualifier. Si vous vous inscrivez à cette formation, quel est le risque que vous fassiez échouer votre projet de reconversion ? Quelles conséquences cela peut-il avoir ? Quel serait le niveau de gravité sur une échelle de 1 à 10 ? Souvent, à la suite de ces questions, vous vous soufflez des réponses pour vous aider : “Puis-je demander de l’aide à quelqu’un ?

Comment accueillir l’échec ?

Dans le système scolaire en France, le redoublement est qualifié d’échec de parcours. Je me suis souvent demandée en quoi redoubler empêchait un quelconque enfant de réussir ? N’a-t-on pas le droit de se tromper ? Pourquoi ne pas considérer ce temps comme un réajustement ? 

D’ailleurs, le redoublement semble être davantage accepté post-bac, donc dans les études supérieures. Comme si seule la ligne droite était possible jusqu’au bac mais qu’après il était possible de rentrer dans une “matrice”.

Le livre : “les vertus de l’échec” de Charles Pépin nous permettent de comprendre que l’esprit scientifique met en avant la “culture de l’erreur”. Un scientifique dans sa démarche teste et échoue avant de trouver la ou les solutions.  Qu’est-ce que cela nous apprend ?

La première des choses c’est qu’il n’y a pas de honte à échouer. Échouer c’est peut-être l’un des premiers pas vers la réussite. C’est aussi une sortie de l’immobilisme paralysant. Alors bien-sûr ici j’entends dans mon discours des erreurs de parcours, des erreurs de stratégies donc d’aiguillage. 

Et si accepter l’échec permettait d’apprendre ?

Accepter l’échec c’est bien la chose qui m’a été le plus difficile fin décembre pour OKAA. J’avais décidé d’animer un atelier en 3 séances dans un tiers-lieu à Lyon. J’avais le lieu, j’avais les prospectus, j’avais une personne prête à communiquer sur cet événement…mais personne n’est venu à mon atelier. J’ai attendu à 18h le vendredi : j’étais triste et déçue que personne ne vienne. 

Et puis, je n’ai pas voulu y croire : quelques heures après je me suis rendue compte que c’était bien réel. Heureusement, peu après le non-événement, j’étais allée voir des amies. 

L’échec avait à ce moment-là un goût de cocktail amer, je ne voulais pas partager ce mélange d’émotions. Pourtant, si je ne l’avais pas goûté, je n’aurais su qu’il était amer et qu’il fallait changer la recette. 

C’est devant mes amies que j’ai accepté cet échec. Et c’est avec elles que j’ai dédramatisé ce qui venait de se passer. J’avais beau avoir mis toute l’énergie dans mon événement, cela n’avait pas marché. La faute au covid ? Au prix ? A ma communication ? A ma thématique ? 

En discutant avec ces amies j’avais compris que j’étais allée trop vite et qu’il y avait des étapes à respecter dans la communication de mon événement. 

La synchronicité : l’acceptation

Les émotions associées à l’échec peuvent être très mal vécues et dépendent de pleins d’aspects : votre personnalité, votre capacité à rebondir, la durée entre l’échec perçu et l’acceptation. C’est cette durée-là associée à votre capacité à faire avec, et regarder le Monde en disant « bon ok, j’accepte, ça n’a pas marché. » qui va permettre de rebondir.

Au moment même où je cherche à rédiger cet article, est apparu sur le fil d’actualité d’un de mes réseaux sociaux : cette définition. Elle vient de l’application petit bambou qui développe des programmes de méditation en ligne.

acceptation

Pour moi, l’acceptation c’est le début de tout puisqu’il s’agit de reconnaître ce qui est. Concrètement, le simple fait d’être capable de dire : “J’ai peur de” “Je suis angoissé à l’idée de”. C’est un pas énorme sur le chemin du changement.

Et maintenant ?

En vous parlant d’un des échecs qui m’a le plus marqué dans mon entreprise, je souhaitais vous dire ce qu’il en est aujourd’hui :

Dans le cadre d’une activité salariée que j’ai reprise en dehors d’OKAA, j’ai été amenée à créer des événements permettant la rencontre entre des entreprises qui recrutent et des candidats. Grâce à cet échec dont je vous ai parlé plus haut, j’ai mieux compris comment organiser ces événements ensuite. 

J’ai accepté le fait que si je devais recréer un événement pour OKAA, j’aurai besoin d’aide pour mon organisation et pour ma communication. J’accepterai de ralentir et d’affiner ma stratégie.

L’échec, si nous prenons le temps de l’écouter, c’est le début de l’apprentissage.

Ecouter des entrepreneurs qui ont réussi m’intéresse autant que d’écouter des entrepreneurs qui ont rebondi ou qui sont revenus dans le salariat. 

La vie pour moi, c’est un parcours non linéaire : enrichi d’échecs et de réussites.

Et vous ? Vous voyez la vie professionnelle comme une ligne droite ou comme un ensemble de parcours qui se rejoignent ?

Si vous souhaitez ouvrir cette porte illustrant cet article et imaginer un scénario plus réaliste dans le cadre d’un changement professionnel, n’hésitez pas à en discuter avec moi en séance découverte ici. Nous pouvons convenir d’un appel téléphonique gratuit de 30 minutes. Vous verrez comment notre échange va vous permettre d’avancer sur ce que vous souhaitez débloquer.


Enfin, je souhaite donner un lien vers une vidéo qui vient à la fois compléter mon article et le nuancer. Cette vidéo d’un docteur en neurosciences et psychologue explique qu’il existe différents niveaux d’échecs qui sont plus ou moins « acceptables », selon le domaine et qui ont des conséquences plus ou moins graves. Attention, elle ne parle que de la notion d’échec alors que mon article parle essentiellement de la peur de l’échec. La vidéo ajoute les éléments que je souhaitais néanmoins apporter et que j’avais noté sans savoir comment les assembler. Qu’en pensez-vous ? : https://www.instagram.com/tv/CiKYh2CIeJg/?igshid=MDJmNzVkMjY=

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